Lot: 63
"La jeune fille à la rose", 1967
MAI TRUNG THU (1906-1980)
"La jeune fille à la rose", 1967
Encre et couleurs sur soie marouflée sur papier cartonné.
Signée, cachet de l'artiste et datée en haut à droite
Titrée au dos
Encadrée sous verre
26 x 15 cm
Un certificat d'expertise de Jean-François Apesteguy, en date du 17 juillet 1968, sera remis à l'acquereur.
La jeune fille fut un des thèmes de prédilection de l'artiste pionnier de l'art moderne vietnamien Mai Thu (1906-1980) tout au long de sa carrière. Comme le souligne Anne Fort, « la jeune fille […] incarne la liberté nouvelle permise à l’artiste moderne : représenter une femme anonyme pour exalter la beauté, à la fois de l’œuvre et du modèle, est emblématique du renouveau de l’art vietnamien des années 1930 » (1). C’est donc un thème fort pour les artistes issus de l’École des Beaux-Arts de l’Indochine, qui ne s’attachent plus seulement à représenter des sujets tirés des mythes, religieux ou historiques de leur pays, mais qui mettent l’accent sur la figure humaine, et notamment féminine.
Dès son installation en France en août 1937, le peintre choisit de délaisser la peinture sur toile afin de se concentrer sur la réalisation d’œuvres sur soie, notamment pour pouvoir les présenter à l’occasion de ses premières expositions sur le sol français. Ainsi, cette technique, qui fut d’ailleurs particulièrement encouragée par Victor Tardieu dans l’enseignement à l’École des Beaux-Arts de l’Indochine, devient son médium exclusif. Le format de la présente œuvre entre dans le corpus des « petits tableaux » (cf. illu. 1) réalisés par Mai Thu à partir des années 1950. Notre œuvre est particulièrement représentative des petits formats réalisés par le peintre au cours de cette période, et notamment ceux exposés lors de la rétrospective "La femme vue par Mai Thu" qui se déroula à la galerie Cardon Matignon en 1968.
Sur notre présente œuvre, l’artiste dépeint une jeune fille au nez fin et au visage aux traits ronds, vêtue d’un áo dài rose pastel, tunique vietnamienne à la mode de l’époque, qui laisse apparaître un pantalon blanc, la silhouette se détachant du mur vert et bleu traité en aplats de couleurs. Le regard au loin, la jeune femme tient de sa main droite une rose rouge, qu’elle semble tendre à quelqu’un, un léger sourire s’esquissant sur son visage aux traits juvéniles. Cette fleur, « hoa hồng » en vietnamien, à la symbolique universelle, symbole de l’amour et de la beauté dans la culture occidentale, est dans la culture orientale et notamment vietnamienne apparue assez tardivement. Nous pouvons supposer que Mai Thu emploie ici la symbolique occidentale ; sûrement, la jeune femme tient cette rose, offerte par un bien-aimé… La femme à la rose fut dépeinte à plusieurs reprises, voir notamment une œuvre vendue chez Christie’s (cf. illu. 2).
(1) Le Pho, Mai Thu, Vu Cao Dam, Pionniers de l’Art Vietnamien en France, Catalogue d’exposition (11 octobre 2024 - 9 mars 2025), Paris, Musée Cernushi, p. 70 .
H: 26 x L: 15 cm